Yasmina Khadra, Les Sirènes De Bagdad

Wednesday, 31 July 2024
Le Temps Lisbeth Koutchoumoff, Saturday 23 September 2006 Il est sincère Yasmina Khadra. Pas de doute, il pense ce qu'il dit lorsqu'il affirme mettre en littérature ce qu'il connaît intimement. La déshérence engendrée par le mépris; la rage provoquée par l'humiliation. La pompe aspirante de la violence, il l'a vue, il l'a éprouvée en tant que soldat de l'armée algérienne agissant au coeur de la guerre civile des années 1990 (voir le portrait de l'écrivain dans SC du 8. 10. Les Sirènes de Bagdad - Yasmina Khadra | fiche de lecture | myLib. 2003). N'en pouvant plus des raccourcis occidentaux, énervé contre ce qu'il appelle la paresse des intellectuels arabes, il prend la plume pour donner sa version des conflits qui ensanglantent le Proche-Orient. Que les yeux se dessillent, de part et d'autre du mur. Que les oreilles acceptent d'entendre la version de l'autre. Ainsi Yasmina Khadra achève, avec Les Sirènes de Bagdad, une trilogie commencée en 2002 avec Les Hirondelles de Kaboul. En 2005, L'Attentat a reçu, en France, le Prix des libraires. Kaboul, Tel-Aviv et maintenant Bagdad.

Les Sirènes De Bagdad - Yasmina Khadra | Fiche De Lecture | Mylib

Que ce soit l'écrivain ou le docteur, qui sont pourtant en désaccord profond sur la situation, les deux personnages reconnaissent que l'Occident est perdu. Mohammed est le premier à énoncer cet état de fait, à la page 286: «L'Occident est hors course. Il est dépassé par les événements». On a donc à nouveau un contraste entre l'Occident qui auparavant, semblait maîtriser le conflit, et qui finalement ne contrôle plus rien et ne sait plus comment réagir, ce que l'écrivain souligne: «L'Occident est dans le doute. Ses théories, qu'il imposait comme des vérités absolues, s'émiettent dans le souffle des protestations. Longtemps bercé par ses illusions, le voilà qui perd ses repères» p. Les sirènes de bagdad fiche de lecture. Le texte offre donc le portrait d'une civilisation occidentale qui ne sait plus où elle en est, et comment gérer le conflit. La personnification de l'Occident est également reprise dans les paroles de Jalal, qui va plus loin dans sa description, et va jusqu'à le rendre fou: «L'Occident est devenu sénile. Ses nostalgies impériales l'empêchent d'admettre que le monde a changé.

L'indice ultime de ce changement négatif intervient à la page 289, lorsque le docteur dit «Je suis professeur émérite... », et que son interlocuteur le reprend: «Tu l'étais, Jalal. Tu ne l'es plus, maintenant». Le bouleversement du statut du docteur est en lien avec le changement de ses croyances, l'imparfait est à nouveau employé pour faire état de l'altération des opinions du personnage: «C'est ce que je croyais. Je me trompais. » p. 285, «C'est ce que je croyais, moi aussi. 287. La métaphore filée de la veste vient appuyer cette idée d'un revirement total d'opinion chez Jalal aux pages 285 et 286: «Je n'ai pas retourné ma veste, Mohammed. Je me suis seulement rendu compte que je la portais à l'envers. », «Tu la portais à l'endroit, Jalal. Les sirènes de bagdad fiche de lecture d'aufeminin. », «C'est ta veste qui n'est plus à l'endroit... ». L'expression vient décrire le fait de changer totalement d'opinion, et en l'occurrence de camp. Le texte met donc en avant le changement de comportement et de croyance de Jalal, mais pas seulement car le narrateur est également sujet à ce changement.